Pierres et Mer dans le Nouvel Obs
Immobilier Morbihan : La ruée vers l'eau
Un fortin du XVIIIesiècle, deux bâtiments protégés des colères de l'Atlan tique par de solides murs de pierre. On y accède à pied en retroussant son pantalon... ou en voiture à marée basse. Prix de vente : 1 950 000 euros. La «petite mer» - traduction du breton morbihan -, c'est le luxe sans bling-bling. Les Parisiens s'y retrouvent hiver comme été, mais sans ostentation, avec des bottes aux pieds et un ciré à portée de main. Les seniors aiment également s'y retirer. Ils y achètent une résidence secondaire, dans laquelle ils séjournent ensuite six à huit mois de l'année, quand ils sont à la retraite. Convoitées toute l'année par ces acheteurs exigeants au pouvoir d'achat élevé, les villes d'Auray et de Vannes ont bien résisté au coup d'arrêt de l'hiver 2008. Dans l'hypercentre et près du port, Vannes a conservé des prix stables, avec, début 2010, un mètre carré moyen en appartement à 2 177 euros (-1,9% en un an). L'arrière-pays et les deuxièmes couronnes urbaines ont beaucoup plus souffert et enregistré de fortes baisses (-15,4% en un an dans le pays de Vannes et -8,3% dans celui d'Auray). Le golfe aussi a connu la crise : les prix avaient fléchi de 10,5% entre mars 2009 et février 2010, selon les notaires de l'Ouest. «Les volumes d'affaires ont été divisés par deux entre 2008 et 2009», précise par ailleurs Michel Sarrazin, notaire à Questembert. Aujourd'hui, les maisons du golfe et de la baie de Quiberon sont les moins accessibles du littoral breton, avec un prix moyen de 293 564 euros dans l'ancien, contre 247 486 euros dans le pays malouin en février 2010.
Le marché a repris des couleurs avec le printemps, mais les prix ne remontent pas pour autant. « Les acheteurs, qui étaient attentistes l'an dernier, se lancent, et certains d'entre eux se demandent s'ils ne pourraient pas profiter d'opportunités dues à la baisse enregistrée en 2008-2009, observe Frédéric Le Bec, directeur des agences Le Bec Immobilier. Or ils peuvent en effet dénicher des pavillons entre 220000 et 270 000 euros, mais pas une maison bretonne à 100 mètres de la » L'accès direct sur la plage demeure un marché confidentiel. Un mobile home à Lomener, face à la mer, est en vente 138 400 euros, mais les transactions à proximité des plages dépassent généralement les 300 000 euros. Il faut compter autour de 500 000 euros pour une maison de 6 pièces à Carnac et dans les îles, «le prix moyen pour une maison se situant entre 400000 et 500 000 euros», estime Carole Bénéat, du cabinet Bénéat-Chauvel. Les opportunités sont rares dans les îles, une vingtaine par an, sur l'île d'Arz et l'île aux Moines, souvent par le bouche-à-oreille. La demande en revanche est toujours plus soutenue pour les affaires d'exception, comme les propriétés « les pieds dans l'eau» : «Il y a un an, nous avions 2 300 clients en portefeuille, dont 30% disposaient d'un budget au-delà d'un million et demi d'euros, confie Loïc Boilevin, directeur de Pierres et Mer. Ils sont aujourd'hui 2 700, avec une excellente connaissance des biens et de leur valeur. » Ils pourraient donc, en théorie, acquérir l'une des 300 îles du golfe. Au moins deux d'entre elles sont actuellement à vendre...
Valérie Rochaix